Que vous consommiez des algues vertes, brunes, rouges, en préparations fraîches, comme des légumes, en saumure ou bien séchées, les résultats des dernières recommandations de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) vont vous interpeller.

Pourquoi les algues sont-elles qualifiées de « super légumes » ?
Leur composition, certes variable selon le type d’algue est intéressante à plusieurs égards. Elles sont sources de fibres solubles et insolubles, de minéraux (potassium, magnésium), d’oligo-éléments (iode), de vitamines (groupe B) et aussi de protéines. Les micro-algues (chlorella et spiruline) contiennent de l’acide alpha-linolénique, précurseur des omégas 3 EPA et DHA, que l’on retrouvent chez certains poissons et qui proviennent justement des algues de mer qu’ils consomment.
En revanche, les algues ont tendance, de par leur composition élevée en certains polysaccharides, à se lier à certains contaminants comme le cadmium, le mercure, le plomb et l’étain.
L’étude de l’ANSES a mis en lumière que sur les 250 échantillons d’algues non transformées (origine mondiale) qui ont été analysés, 26% de ces algues contenaient une teneur en cadmium supérieure à la norme actuellement recommandée (0,5 mg/kg de poids sec).
Les teneurs les plus élevées en cadmium ont été retrouvées chez les algues brunes comme le wakamé (souvent consommé en salade, soupe) et les algues rouges comme le nori (utilisés notamment dans les makis et sushis).
Le cadmium (Cd) c’est quoi exactement ? C’est un métal toxique que l’on retrouve en petite quantité (on le nomme fréquemment élément trace toxique), dans le sol, l’air et l’eau; il est présent naturellement dans la croûte terrestre mais aussi produit par nos activités industrielles et agricoles. Il est reconnu cancérogène pour l’homme, principalement pour les poumons, la prostate et les reins. Une exposition prolongée au cadmium par voie orale provoque des atteintes rénales, des fragilités osseuses et des troubles de la reproduction.
Nous sommes tous exposés au cadmium : par inhalation active ou passive de fumée de tabac et par la consommation d’aliments et d’eau contaminés.
Face aux résultats de cette étude et à l’expansion de la consommation des algues en France, l’ANSES a donc recommandé de mener de nouvelles études et de fixer une concentration maximale aussi basse que possible dans les algues alimentaires, considérant que nous sommes déjà, pour une partie d’entre nous, exposés au cadmium au delà de la dose tolérable.
A suivre donc.
En attendant, faut-il consommer ou non des algues ? Si vous pensez être particulièrement exposés au cadmium, il serait judicieux de les consommer avec modération, de varier les couleurs et de les choisir bio (quantité significativement moindre de cadmium dans les produits issus de culture biologique – Barański M. and coll).
Sources :
https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2017SA0070.pdf
Barański M, Srednicka-Tober D, Volakakis N, Seal C, Sanderson R, Stewart GB, Benbrook C, Biavati B, Markellou E, Giotis C, Gromadzka-Ostrowska J, Rembiałkowska E, Skwarło-Sońta K, Tahvonen R, Janovská D, Niggli U, Nicot P, Leifert C. Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. Br J Nutr. 2014 Sep 14;112(5):794-811.